Pamandzi, commune de Mayotte, vit actuellement une crise politique à l’approche des élections municipales de mars. Un climat tendu s’est installé, alimenté par le revirement inattendu de la 2ème Adjointe au Maire, Madame Sitti Ali M’doihoma, et la formation d’alliances électorales qui sèment le trouble parmi les administrés. Retour sur une situation où enjeux personnels, conflits familiaux et stratégies électorales s’entremêlent au détriment de la sérénité communale.
Le revirement de la 2ème Adjointe : une rupture retentissante
Jusqu’à l’été dernier, Madame Sitti Ali M’doihoma, élue du Mouvement Démocrate Mahorais (MDM), était une fidèle alliée du Maire Madi Souf. Depuis juillet, elle s’est muée en opposante acharnée, multipliant les critiques publiques à l’égard de l’action municipale. Ce brusque changement, décrit comme une “volte-face” par un administré, coïncide avec l’annonce de sa propre candidature aux prochaines élections et l’intensification de sa présence sur les réseaux sociaux, où elle dénonce une prétendue accumulation d’erreurs du Maire.
La perte de délégation : un tournant décisif
Selon l’analyse locale, la rupture entre le Maire et son Adjointe serait moins idéologique qu’administrative. Le Maire aurait retiré à Madame M’doihoma sa délégation de signature après des difficultés à gérer un conflit interne entre deux agents du Centre Communal d’Action Sociale (CCAS), institution dont elle était vice-présidente depuis 2020. Ce retrait de responsabilités a été vécu comme un affront, précipitant son passage à l’opposition. Certains administrés s’interrogent désormais sur la légitimité de sa candidature à la mairie après une telle gestion.
Des stratégies de division et un climat délétère
En campagne, Madame M’doihoma semble désormais s’appuyer sur une partie des agents communaux, quitte à exacerber les tensions et à médiatiser les conflits internes, transformant ainsi des différends locaux en polémiques publiques, voire internationales. Cette stratégie inquiète et divise, en particulier à l’heure où la cohésion municipale est essentielle.
Alliances électorales ambiguës : un “trio” sous le feu des critiques
Autre fait marquant : l’alliance de Madame M’doihoma avec l’ancien Maire, jadis critiqué pour sa gestion, mais désormais présenté comme un allié de taille dans sa liste. Ce revirement soulève l’incompréhension des administrés, qui rappellent que l’équipe du MDM avait longuement dénoncé les pratiques de l’ancienne mandature. Un “trio” politique, composé de Madame Sitti Ali M’doihoma, de Monsieur Siaka Hamidou et de Monsieur Archadi Abassi (président de l’intercommunalité de Petite Terre), s’est également formé, alimentant les rumeurs sur un partage anticipé des postes clés – à la tête de la commune, de l’intercommunalité, et d’une autre institution.
Controverses autour de la gestion et de l’éthique
Le passé de gestion de Monsieur Archadi Abassi est également pointé du doigt, notamment pour avoir été à l’origine d’un mouvement social parmi les agents de la Communauté de Communes de Petite Terre (CCPT) et pour des décisions urbanistiques controversées, comme la destruction de maisons pour une route, dont une seule aurait été épargnée pour des raisons personnelles. Ces éléments alimentent les doutes sur l’éthique des prétendants au pouvoir.
Une crise familiale sur fond de blocage communal
La crise actuelle prend aussi des allures de mélodrame familial. Un agent dont le contrat n’a pas été renouvelé – nièce de la 2ème adjointe et petite sœur d’une conseillère municipale – est au centre du blocage de la commune. La “famille municipale”, dont plusieurs membres occupent des positions stratégiques, n’a pas su régler des problèmes internes, exposant ainsi la commune à une paralysie qui ressemble davantage à une affaire de famille qu’à un débat d’intérêt public. Ce climat, à la fois tragique et cocasse, donne à la situation des airs de télénovela.
La répartition et la gestion des aides pour les infrastructures publiques constituent un enjeu majeur pour le développement local, en particulier dans les communes de Mayotte telles que Pamandzi et Dzaoudzi Labattoir. Ce document propose une analyse des dynamiques observées dans la mise en œuvre des projets, en mettant en lumière les différences d’approche entre les deux localités, ainsi que les pratiques contestées concernant les travaux publics et l’utilisation des ressources municipales.
Distribution des aides pour les caniveaux
Des aides spécifiques aurait été octroyées pour la réalisation de caniveaux, essentiels à la gestion des eaux pluviales et à la salubrité publique. Dzaoudzi Labattoir s’est distinguée par une réactivité exemplaire, entamant les travaux dès l’obtention des fonds. Cette anticipation a permis une exécution rapide et visible des projets, renforçant le sentiment d’efficacité auprès des administrés.
À l’inverse, le maire de Pamandzi aurait adopté une stratégie attentiste, ne lançant les travaux qu’à la dernière minute. Cette démarche, parfois perçue comme opportuniste, visait à donner l’image d’un élu engagé et actif, en concentrant les efforts juste avant des échéances importantes ou des visites officielles. Ce choix peut susciter des interrogations sur la sincérité de l’engagement et la gestion optimale des ressources allouées.
Répétition des travaux de clôture
Une autre problématique relevée concerne la multiplication des travaux de clôture, lesquels alternent fréquemment entre construction et démolition. Cette répétition, parfois jugée excessive, soulève des questions sur la planification des projets et l’utilisation rationnelle des fonds publics. Elle peut aussi être interprétée comme une manière de maintenir une activité apparente ou de favoriser certains prestataires.
Conflits d’intérêt et constructions privées
Parallèlement aux projets municipaux, il est noté que le maire de Pamandzi et ses proches adjoints seraient impliqués dans des activités de construction, non seulement à Pamandzi même, mais également dans d’autres villages à Mayotte, aux Comores et à Madagascar. Ces initiatives, menées de façon visible et connue de tous, interpellent quant aux éventuels conflits d’intérêts et à la frontière parfois floue entre activités publiques et privées.
Cette situation met en exergue la nécessité d’une transparence renforcée dans la gestion des affaires publiques et d’un contrôle accru afin d’éviter toute dérive ou usage abusif des moyens municipaux à des fins personnelles ou familiales.
La comparaison entre Dzaoudzi Labattoir et Pamandzi illustre l’importance de la bonne gouvernance et de la transparence dans la gestion des aides publiques. Tandis que la rapidité d’exécution peut renforcer la confiance des citoyens, l’attentisme et la confusion entre intérêts publics et privés nuisent à la crédibilité des élus. Pour répondre aux attentes locales, il apparaît essentiel de promouvoir des pratiques éthiques et une gestion rigoureuse des ressources, garantes du développement harmonieux des territoires.
À l’électorat de juger
À l’aube des municipales, la commune de Pamandzi doit faire face à des choix décisifs. Les électeurs sont appelés à juger la sincérité, la cohérence et la dignité de ceux qui aspirent à diriger la commune. En toile de fond, la question demeure : les responsables politiques agissent-ils pour le bien-être collectif ou pour leurs intérêts personnels et familiaux ? La réponse sera donnée dans les urnes, en mars prochain.