Réflexion sur la question posée par Ben AHAMADA, élu de Bandraboua.
976 News éclaire le débat pour ses lecteurs.
Dans la sphère numérique, les réseaux sociaux et applications de messagerie sont devenus des lieux d’échange privilégiés, où s’expriment aussi bien les préoccupations du quotidien que les grandes interrogations citoyennes. C’est dans ce contexte que Ben AHAMADA, élu de la commune de Bandraboua située dans le nord de Mayotte, a choisi d’interpeller un groupe WhatsApp en posant une question qui, au-delà de l’instantanéité du média, invite à la réflexion collective.
Sans dévoiler le contenu exact de la question — respectant ainsi l’esprit du débat et la confidentialité du groupe — il convient de s’arrêter sur la démarche de l’élu : solliciter l’avis de la communauté, permettre l’émergence d’idées nouvelles, confronter les points de vue pour nourrir ensuite l’action publique. Cette approche participative, pas très répandue à Mayotte, témoigne d’un engagement pour une démocratie vivante, où chaque voix trouve un espace pour s’exprimer.
Du côté de 976 News, nous considérons cet échange comme une illustration de la vitalité du dialogue citoyen. Donner la parole aux représentants, mais aussi relayer les réflexions suscitées par leurs interventions, fait partie intégrante de notre mission d’information. En relayant la question de Ben AHAMADA à nos lecteurs, nous souhaitons susciter une prise de conscience sur l’importance de l’écoute, du débat et du partage d’idées, éléments essentiels au progrès de notre territoire.
Dans un monde où l’information circule à la vitesse des messages instantanés, il est crucial de prendre le temps de la réflexion, de la mise en perspective. À travers cette démarche, c’est toute la société mahoraise qui se trouve invitée à participer à la construction d’un avenir commun, éclairé par la diversité des opinions et la richesse des échanges.
Chez 976 News, nous encourageons donc nos lecteurs à s’emparer de ces sujets, à débattre, à questionner et à proposer. Car c’est ensemble, par la confrontation constructive des idées, que nous pourrons faire émerger des solutions adaptées aux enjeux de Mayotte, et plus largement de nos sociétés contemporaines.
LA REFLEXION GÉNÉRALE DE 976 NEWS
Face à la montée de l’extrême droite en France, de nombreuses questions émergent quant à l’avenir de Mayotte et, plus largement, des départements et territoires d’outre-mer (DOM-TOM). Plutôt que de céder à la peur, il est essentiel d’offrir une réflexion basée sur l’analyse des programmes politiques, des discours et des expériences internationales, en tenant compte des inquiétudes relatives à la vision identitaire, souvent jugée raciste et xénophobe, de ces partis.
L’extrême droite, l’Outre-mer et la notion d’identité nationale
L’extrême droite française, historiquement, s’appuie sur une définition très restrictive de l’identité nationale, centrée sur l’ethnicité, la culture et la souveraineté. Les DOM-TOM, par leur histoire, leur diversité ethnique et culturelle et leurs dynamiques migratoires, peuvent apparaître comme un « angle mort » ou un enjeu particulier dans cette vision.
Mayotte, un cas particulier
Mayotte, dernier département français, est fréquemment au cœur des débats sur l’immigration et la nationalité, en raison de sa proximité avec les Comores et d’une forte pression migratoire. Les positions de l’extrême droite sur le droit du sol, la nationalité et les politiques migratoires ont déjà été largement exposées : suppression du droit du sol, restriction de l’accès à la nationalité pour les enfants nés sur le territoire de parents étrangers, limitation de l’accès aux aides sociales pour les personnes d’origine étrangère.
Conséquences prévisibles pour Mayotte et les DOM-TOM
- Durcissement des politiques migratoires : L’extrême droite a pour priorité déclarée la lutte contre l’immigration, légale ou clandestine. À Mayotte, cela pourrait se traduire par une intensification des expulsions, le renforcement des contrôles aux frontières et la remise en cause du droit du sol, avec des conséquences directes sur la cohésion sociale.
- Remise en cause de certains droits sociaux : Les mesures visant à réserver les prestations sociales uniquement aux citoyens français « de souche », ou à restreindre l’accès à certains droits pour les étrangers ou binationaux, pourraient avoir un impact fort sur les populations ultramarines, où la précarité est déjà importante.
- Révision du rapport à l’État central : L’extrême droite pourrait être tentée de réduire les dotations publiques et les investissements dans les DOM-TOM, considérés comme coûteux et parfois perçus, à tort, comme « moins français ». Cela risquerait d’accentuer les inégalités et de fragiliser les économies locales.
- Stigmatisation et tensions identitaires : La rhétorique identitaire, parfois teintée de racisme ou de xénophobie, pourrait aggraver les tensions communautaires et alimenter un sentiment de relégation ou de rejet au sein des populations d’outre-mer.
Risques et réactions possibles dans les territoires
Si de telles politiques étaient mises en œuvre, plusieurs scénarios pourraient émerger :
- Mobilisation sociale et politique locale : Les élus locaux, comme à Mayotte, pourraient s’opposer fermement à toute tentative de remise en cause des droits des citoyens, et appeler à la résistance démocratique ou à la désobéissance civile.
- Exacerbation des tensions et des frustrations : Des mesures perçues comme injustes ou discriminatoires pourraient entraîner des mouvements sociaux, des grèves, voire des émeutes, comme l’histoire récente de l’Outre-mer l’a déjà démontré.
- Éventuelle remise en cause du lien républicain : Une partie des populations ultramarines pourrait être tentée de remettre en question leur appartenance à la République française, ravivant des discours autonomistes ou indépendantistes.
Mayotte est unique au sein des départements d’outre-mer. Contrairement à la majorité des autres DOM, sa population est largement issue d’une tradition culturelle et religieuse différente de la France hexagonale : La majorité des mahorais sont musulmans. Ce particularisme fait de Mayotte une cible fréquente dans les débats sur l’identité nationale. Un participant du groupe WhatsApp ce qui suit :
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La double caractéristique de Mayotte : DOM (pas français de souche) et Musulmans en plus, eu égard au discours quasi islamophobe de toute la droite et de la droite extrême en particulier, devenu normal même au sein du gouvernement
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Ce premier point pourrait être un catalyseur de rejet de MAYOTTE par un gouvernement d’extrême droite, pouvant même aller jusqu’à un Projet d’autonomisation voir d’indépendantisation forcée ou poussée. Si ça arrive, quelles perspectives s’offrent à nous ? Sommes nous préparés à une telle éventualité, si ce n’est pas le cas, alors il faudrait que la société et les représentants comptent cela parmi les scénarios possibles, qui plus est au vue des difficultés économiques de la France qui risquent de s’accroître.
Conclusion
Une victoire de l’extrême droite en France entraînerait à coup sûr un changement de paradigme politique, avec des répercussions directes dans les DOM-TOM, et particulièrement à Mayotte. Il est probable que les politiques migratoires et sociales se durciraient, avec le risque d’exacerber les tensions et de fragiliser encore davantage ces territoires. L’avenir dépendra aussi de la capacité des populations locales et de leurs élus à se mobiliser, à défendre leurs droits et à faire entendre leur voix dans le débat national.
Cette analyse ne vise pas à alimenter la peur, mais à poser de façon rationnelle et argumentée les scénarios possibles, éclairés par les faits et l’expérience historique, pour permettre à chacune et chacun de s’informer et de se préparer à agir.