Depuis de nombreuses années, la vie chère constitue une préoccupation majeure pour les populations des outre-mer, en particulier à Mayotte. Face à cette réalité, les gouvernements successifs ont multiplié les annonces de plans ou de lois censés lutter contre la cherté de la vie et améliorer le pouvoir d’achat des Mahorais Manuel Valls, alors Premier ministre sous la présidence de François Hollande, n’a pas échappé à cette tradition politique. En 2015, il avait présenté le « plan Mayotte 2025 », une initiative ambitieuse censée répondre aux défis structurels de l’île, dont la vie chère figurait parmi les priorités.
Le « plan Mayotte 2025 » devait impulser un nouvel élan pour le développement économique et social de Mayotte : investissements dans les infrastructures, lutte contre la vie chère, accès aux services publics, logement, santé, éducation. Dans les discours officiels, la volonté d’agir était affichée haut et fort. Pourtant, ce plan n’a jamais vu le jour concrètement. De nombreuses mesures annoncées n’ont pas été suivies de réalisations tangibles sur le terrain, ce qui a contribué à renforcer la défiance de la population à l’égard des annonces gouvernementales.
Aujourd’hui, l’annonce d’une nouvelle loi ou d’un plan pour lutter contre la vie chère à Mayotte, portée par Manuel Valls ou d’autres figures politiques, suscite à juste titre le scepticisme des habitants. L’expérience passée, marquée par des promesses non tenues et une amélioration peu perceptible des conditions de vie, a érodé la confiance envers les déclarations officielles. Les Mahorais ont appris à relativiser les effets d’annonce, tant les changements espérés tardent à se matérialiser.
La crédibilité des responsables politiques repose sur leur capacité à transformer les engagements publics en actions concrètes et mesurables. Lorsqu’une parole publique – surtout celle d’un ancien Premier ministre – ne se traduit pas par des actes, elle perd de sa force et alimente la défiance. À Mayotte, cette défiance est d’autant plus forte que les difficultés sociales, économiques et structurelles restent criantes. Les problématiques de vie chère, d’accès aux services essentiels et de précarité persistent.
Dans ce contexte, il devient légitime de s’interroger : qui, aujourd’hui, peut encore croire en de nouvelles annonces, quand les précédentes sont restées sans effet ? La réponse appartient avant tout aux habitants de Mayotte, qui ont trop souvent vu passer des plans sans lendemain. Pour renouer avec la confiance, il ne suffira plus de mots ou d’effets d’annonce : seules des actions concrètes, tangibles et évaluables pourront véritablement changer le quotidien et redonner foi en la parole publique.