Le récent remaniement ministériel a vu la nomination de Naïma MOUTCHOU au poste de ministre des Outre-mer dans le gouvernement Lecornu bis, le neuvième gouvernement depuis le début du premier mandat d’Emmanuel Macron. Cette instabilité politique, marquée par la succession rapide de ministres, est vécue comme un frein majeur par la population mahoraise, qui voit dans chaque changement de gouvernement un nouveau blocage des dossiers spécifiques à Mayotte.
Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, aucun dossier majeur concernant Mayotte n’a abouti. À chaque nomination d’un nouveau ministre des Outre-mer, la réponse adressée aux Mahorais reste la même : « Nous devons revoir vos dossiers, ce n’est pas moi qui étais au ministère. » Cette déclaration, souvent répétée, s’accompagne parfois d’annonces contradictoires avec celles des prédécesseurs. L’exemple de la promesse non tenue de retrait du séjour territorialisé à Mayotte, promise par Gérald Darmanin puis démentie par Manuel Valls, illustre ce manque de continuité et de suivi qui alimente la frustration locale.
Pour les Mahorais, la succession des gouvernements est devenue synonyme d’immobilisme administratif. Malgré les engagements pris, la réalité est que les dossiers de Mayotte restent au point mort. Les habitants perçoivent ces changements comme un prétexte pour retarder ou annuler les projets et réformes nécessaires au territoire.
Près d’un an après le passage dévastateur du cyclone CHIDO, Mayotte n’a connu que des annonces successives de lois et de mesures, mais sans aucune mise en œuvre concrète. En conséquence, aucun projet de protection n’a vu le jour, laissant le territoire vulnérable alors qu’il entre à nouveau en période cyclonique. Ce décalage entre les promesses faites et leur réalisation effective renforce le sentiment d’abandon ressenti par la population.
Naïma MOUTCHOU, désormais à la tête du ministère des Outre-mer, a déjà manifesté son soutien aux revendications de Mayotte. La question se pose donc : poursuivra-t-elle la politique de ses prédécesseurs, faite de paroles non suivies d’actes, ou saura-t-elle impulser une nouvelle dynamique pour répondre concrètement aux attentes des Mahorais ? Le défi est d’autant plus grand que la situation sur place est urgente et exige un engagement clair et des actions rapides.
La nomination de Mme MOUTCHOU intervient dans un contexte de défiance et d’exaspération à Mayotte, où l’alternance rapide des ministres des Outre-mer est vécue comme un obstacle majeur à la résolution des problèmes locaux. Les Mahorais attendent désormais des actes concrets, notamment en matière de sécurité et de prévention des risques naturels, et espèrent que la nouvelle ministre saura rompre avec la logique d’inaction qui a prévalu jusqu’ici.
