La situation actuelle à Mayotte révèle une profonde fracture entre la population mahoraise et l’État français, accentuée par les récentes propositions de loi et les projets de « refondation » de l’île. Beaucoup de Mahorais estiment que ces initiatives ne répondent pas réellement à leurs besoins, en particulier après les graves dommages causés par le cyclone Chido. Cette impression de délaissement est renforcée par le manque de moyens concrets accordés à la reconstruction, malgré les annonces officielles et la visite de la ministre de l’Outre-mer, Mme Naïma Moutchou. Pour beaucoup, la loi de refondation est perçue comme une « loi colonialiste », reprenant l’expression forte de Zaidou BAMANA, qui traduit le sentiment d’une politique imposée sans véritable concertation locale.
L’État semble avoir adopté une approche stratégique visant à apaiser temporairement les tensions, notamment par la publication inhabituelle d’une liste de Mahorais accédant à l’ordre national du mérite, largement relayée dans les médias locaux avant l’arrivée de la ministre. Cette manœuvre apparaît comme une tentative de détourner l’attention et de gagner du temps, sans pour autant répondre aux attentes concrètes de la population. Pendant le séjour de la ministre à Mayotte, des promesses alléchantes ont été faites, telles que la création d’une « équipe de refondation » dont les membres n’ont été officiellement nommés qu’après son départ. Ce décalage dans l’annonce est perçu par beaucoup comme une stratégie délibérée pour éviter les réactions hostiles, en particulier à l’encontre de personnalités controversées comme Dominique Voynet, ancienne directrice de l’ARS Mayotte, dont la nomination suscite une vive opposition au sein de la population.
Cette série d’actions et de communications orchestrées renforce la méfiance des Mahorais envers l’État français, qui est accusé de jouer la montre afin de justifier un futur désengagement sous prétexte d’un blocage local. Face à l’accumulation de promesses non tenues et à l’absence de mesures concrètes, une partie de la population commence à exprimer des velléités indépendantistes, estimant que la France exploite les ressources de Mayotte sans investir dans son développement. Comme le souligne Monsieur Z. Bamana sur les réseaux sociaux, certains voient dans cette situation le « début du dégagement français à Mayotte ».

