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Accueil Cyclone ChidoMayotte, un an après le cyclone Chido : entre décharges sauvages, promesses non tenues et sentiment d’abandon

Mayotte, un an après le cyclone Chido : entre décharges sauvages, promesses non tenues et sentiment d’abandon

Analyse critique d’une crise persistante sur l’île

par La Rédaction
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Le 14 décembre 2024, le cyclone Chido frappait Mayotte avec une intensité sans précédent, marquant durablement les paysages et les esprits. Près d’un an plus tard, alors que la saison cyclonique s’apprête à débuter à nouveau, l’île peine à se relever. Les stigmates du passage de Chido sont visibles partout, mais c’est surtout la gestion des déchets, la lenteur des financements publics et la priorité donnée à l’expropriation des terres qui cristallisent aujourd’hui la colère et l’incompréhension des Mahorais.

À Mayotte, les décharges sauvages se multiplient, envahissant routes, ravines et abords des villages. Après Chido, les quantités de déchets ont explosé : gravats, tôles arrachées, plastiques, et encombrants s’amoncellent sans solution pérenne. Les efforts de ramassage, sporadiques et insuffisants, peinent à endiguer le phénomène. Les habitants constatent chaque jour l’extension de ces espaces insalubres, qui posent de graves risques sanitaires et environnementaux. Le cri d’alarme lancé depuis des mois reste largement ignoré.

Dans les semaines suivant la catastrophe, l’État avait promis une mobilisation exceptionnelle de fonds pour la reconstruction et la gestion post-cyclonique. Mais à l’heure du bilan, le constat est amer : les financements annoncés n’ont pas été débloqués ou sont arrivés au compte-gouttes, souvent sans transparence sur leur utilisation. Les projets de réhabilitation stagnent, les infrastructures demeurent délabrées, et les Mahorais attendent toujours une réponse concrète à leurs besoins urgents.

Face à l’ampleur de la crise, les municipalités de Mayotte se retrouvent démunies. Manque de moyens humains, absence de matériel adapté, budgets restreints : tout concourt à rendre la gestion des déchets ingérable. Les élus locaux dénoncent leur impuissance et l’absence de soutien technique et financier. Certains maires, découragés, évoquent une « mise à l’écart » institutionnelle qui les prive de toute capacité d’action efficace.

Alors que les besoins en reconstruction et en sécurisation sont criants, l’État semble avoir donné priorité à une vaste campagne d’expropriation des terres. Officiellement justifiée par des impératifs d’aménagement, cette stratégie est perçue par la population comme une nouvelle forme de dépossession. Les Mahorais, dont beaucoup ont vu leurs maisons détruites, s’interrogent sur le sens de cette politique qui relègue la reconstruction en second plan et génère des tensions sociales.

La période post-Chido a été marquée par plusieurs changements gouvernementaux, brouillant les pistes et ralentissant les négociations. Les interlocuteurs locaux déplorent le manque de continuité, l’absence de vision claire et la difficulté à obtenir des engagements fermes. À chaque nouveau ministre, les dossiers sont remis à zéro, et les revendications des Mahorais semblent s’évaporer dans le flot des priorités nationales.

Dernière évolution notable : la mise en place d’une institution dirigée par un militaire, censée piloter la gestion de l’île. Ce choix, loin de rassurer, suscite des interrogations et un malaise palpable. Malgré la menace imminente d’une nouvelle saison cyclonique, aucune mesure de sécurisation massive n’a été déployée. Ni plan d’évacuation, ni renforcement des infrastructures, ni sensibilisation des populations vulnérables : le sentiment d’impréparation est général.

Face à cette accumulation de manquements, les Mahorais expriment un profond sentiment d’abandon. Beaucoup ne comprennent pas l’inaction des autorités et la priorité donnée à des dossiers jugés secondaires. Les témoignages recueillis sur l’île font état d’une colère sourde, d’une lassitude croissante et d’une défiance envers les institutions. Les habitants réclament non seulement des actes mais aussi une reconnaissance de leur détresse et de leur droit à vivre dignement.

À l’aube d’une nouvelle saison cyclonique, Mayotte apparaît plus vulnérable que jamais. L’urgence est réelle, la mobilisation nécessaire. Mais sans un changement de cap, sans l’écoute et le respect des besoins locaux, l’île risque de s’enfoncer dans la crise. Les Mahorais attendent des autorités des mesures concrètes, des financements débloqués, et surtout la fin d’un sentiment d’abandon qui ne fait qu’alimenter l’incompréhension et la défiance. L’avenir de Mayotte dépendra de la capacité collective à répondre aux défis multiples qui menacent son équilibre et la dignité de ses habitants.

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